culture ciné
De 1942 à 1945, il étudie le chant au conservatoire
de musique de sa ville natale. Il s'initie également à la peinture.
En 1946, il entre à l'Institut cinématographique d'État,
le V.G.I.K., à la section de mise en scène. Élève
du réalisateur ukrainien Igor Savtchenko, il est également son
assistant pour certains de ses films. Il achève ses études sous
la direction de Mikhail Romm en 1952. Cette année-là, il obtint
son diplôme de réalisateur, que paraphe Dovjenko.
Un an plus tard, il est assistant de Vladimir Braun sur le film MAXIMKA; puis, dès 1954, il entre aux studios Dovjenko, à Kiev, et réalise plusieurs courts-métrages et trois longs-métrages en langue ukrainienne.
Avec Les chevaux de feu (1964), dont son film de fin d'études était déjà l'esquisse, Paradjanov adapte la nouvelle "Les Ombres des ancêtres oubliés", d'un écrivain ukrainien du début du siècle, Mikhail Kotzubinsky. Le film, perçu comme un signe de renouveau dans le classicisme du cinéma soviétique, remporte de nombreuses récompenses internationales, notamment le 1er Prix du Festival de Mar del Plata. Paradoxalement, c'est à cette époque que commencent pour lui les difficultés avec les autorités... peut-être liées avec ses prises de position en faveur d'intellectuels ukrainiens dissidents.
En décembre 1973, il est arrêté et accusé de "trafic d'icônes et de devises", d'"incitation au suicide", d'"homosexualité"... ce dernier délit le condamnant, en avril 1974, à cinq ans de camp de travail, malgré des troubles de la vue et une maladie cardiaque. On annonce son suicide en 1976 alors que son état de santé est alarmant. L'opinion internationale s'émeut et entreprend de nombreuses démarches auprès des autorités soviétiques pour obtenir la libération immédiate de Paradjanov. La rumeur de sa mort persiste et en août de l'année 1977, les milieux arméniens parlent du suicide du détenu dans sa cellule... Les nouvelles les plus contradictoires circulent; on apprend bientôt, pourtant, que Serguei Paradjanov a été libéré le 30 décembre 1977, par suite d'une remise de peine.
C’est en prison et dans les années qui suivirent, que Paradjanov produira la majorité de ses dessins et collages, qui constituent une part importante de sa création.
"Libre", il s'installe en Géorgie, dans sa maison natale et tourne clandestinement Le signe du temps (1979), court-métrage de sept minutes qui témoigne de sa présente détresse et où il décrit sa vie quotidienne et celle de ses amis.
De par l'interdiction d'exercer son activité de cinéaste, il ne survit que grâce à l'aide d'amis; ("En prison, déclare-t-il, ma vie avait un sens, il y avait une réalité à surmonter. Ma vie présente n'a aucune valeur. Je ne crains pas la mort, mais cette vie-là est pire que la mort") Il souhaite obtenir un visa pour la France... qui lui est refusé malgré les pressions de nombreuses personnalités artistiques françaises.
Paradjanov est de nouveau arrêté le 11 février 1982, avec l'accusation de corruption. Jugé par le tribunal de Tbilissi en octobre, il est libéré en novembre de la même année.
En 1984, il réalise La Légende de la Forteresse de Souram, puis en 1986, Arabesques sur le thème de Pirosmani. Réalisé en 1988, Achik Kerib sera son dernier film.
Malade, épuisé par des années de prison, il meurt en 1990 des suites d'un cancer en plein tournage de Confession (d’après Lermontov). Il laisse une œuvre inachevée, ancrée dans les remous de l’histoire du Caucase, habitée par le merveilleux d’un Orient mythique, et dans laquelle «littérature, histoire, ethnographie et métaphysique se fondent en une unique vision cinématographique, en un acte unique.»
Les chevaux de feu
Les
chevaux de feu, dont le thème tient à la fois du Cid
et de Roméo et Juliette, s'inscrit dans la lignée des
histoires d'amour légendaires de la littérature occidentale.
Un amour-passion anime deux jeunes gens, mais la haine que se vouent
leurs familles rend impossible la réalisation de leur rêve.
Seule la mort pourra les réunir.
En
1967, à la demande des studios arméniens, Paradjanov accepte
de réaliser un court-métrage documentaire présentant
l'œuvre du peintre Hakob Hovnatanian. Descendant d'une célèbre
dynastie de miniaturistes, Hakob Hovnatanian a marqué l'histoire
de la peinture arménienne du XIXème siècle en révolutionnant
le genre du portrait. Tout en respectant les codes pré-établis
de la peinture orientale, il va être influencé par la peinture
occidentale et introduire un nouveau point de vue plus réaliste
sur ses modèles.
Selon
une légende populaire georgienne, les murs de la forteresse de
Souram ne tiendront que lorsque le corps d'un jeune homme innocent sera
enterré dans les fondations. Ce canevas ne rend que partiellement
justice à la richesse visuelle de ce film qui marque le retour
triomphant de Paradjanov au cinéma, après plusieurs années
d'emprisonnement.
Pauvre
et méconnu de son vivant, le peintre georgien Pirosmani est un
primitiviste avant principalement
réalisé les portraits de ses contemporains peu argentés.
Ses œuvres peintes à même de rudes toiles noires destinées
à couvrir les tables ornent aujourd'hui les murs des plus grands
musées du monde.
Achik
Kerib
Le
jeune Achik Kerib, poète amoureux éconduit par le père
de sa belle, doit partir faire fortune s'il veut mériter la main
de cette jeune fille de bonne famille. Malgré la présence
d'un prétendant ayant les faveurs du père, il n'hésite
pas à prendre la route, convaincu de l'amour de la belle. Sur
son chemin, Achik rencontre alors sultans, mages et autres personnages
pittoresques de l'Orient légendaire. Grâce à leur
aide, Achik surmonte une série d'épreuves qui feront de
lui un homme sage et digne.
En
1966, le tournage des Fresques de Kiev fut interrompu par la censure.
Paradjanov qui n'hésite pas à afficher son soutien aux intellectuels
persécutés, est à son tour accusé sous des
prétextes divers. Comme le précise sa proche collaboratrice
Kora Tsérétéli, tous les négatifs furent brûlés
par les autorités. Seule demeure aujourd'hui une étude préliminaire
au tournage réalisée par Sergueï Paradjanov.
Orphée
descend aux enfers